Îles Canaries décembre : climat, treks et conseils pour partir en hiver

Un hiver sur les sentiers des Canaries : le rêve doux des randonneurs
Décembre. L’hiver a posé son manteau froid sur l’Europe. Les chemins s’engourdissent, les tentes givrent au petit matin, et les doigts cherchent la chaleur dans les poches du coupe-vent. Et si je vous disais qu’il existe, à quatre heures de vol de Paris, un archipel où le soleil brille presque toute l’année, offrant une nature brute, volcanique, et des sentiers à couper le souffle ? Bienvenue aux îles Canaries en décembre, un petit paradis pour randonneur en quête de douceur hivernale.
Un climat hivernal doux et vivifiant
L’un des grands atouts des Canaries en hiver, c’est leur climat. À mi-chemin entre l’Europe et l’Afrique, au large des côtes marocaines, ces îles bénéficient d’un climat subtropical. Résultat ? En décembre, les températures oscillent entre 18°C et 24°C la journée, avec une eau encore assez tiède pour oser une baignade après une longue rando.
Mais attention, le climat varie beaucoup selon les îles, et même à l’intérieur d’une même île. Dans les hauteurs de La Palma ou de Tenerife, il peut faire bien frais, surtout la nuit (on flirte avec les 5°C à plus de 2000 mètres). Toujours prévoir une couche chaude dans le sac, surtout pour les bivouacs en altitude.
La lumière change aussi en hiver, plus rase, plus dorée. Elle donne parfois aux paysages volcaniques un air surnaturel… un vrai bonheur pour les yeux (et les objectifs !).
Quelle île choisir pour la rando ?
Chaque île des Canaries a sa propre personnalité, presque un caractère bien trempé. Voici celles que je recommande si vous venez en mode trek et découverte :
- Tenerife : la plus haute (avec le Teide, 3718 m), la plus contrastée. Forêts luxuriantes au nord, désert rocheux autour du volcan, et de magnifiques sentiers de crête dans le parc de l’Anaga. Parfaite pour un premier voyage.
- La Palma : ma préférée personnellement. Sauvage, pas encore saturée de touristes, et une atmosphère presque mystique. Le Sendero de la Ruta de los Volcanes est un incontournable, surtout au coucher de soleil.
- Gran Canaria : plus urbaine sur la côte, mais en son cœur, c’est un festival de crêtes, de ravins et de villages suspendus. Mention spéciale au Pico de las Nieves.
- El Hierro : la discrète. Séjour plus contemplatif, plus « fin du monde ». Les sentiers y sont peu fréquentés, mais la nature y est intacte.
Pour ceux qui cherchent un trek multi-îles, sachez que des ferries relient Tenerife, La Palma, La Gomera, El Hierro et Gran Canaria. Une sorte d’archipel-rando à la carte.
Mes treks préférés pour décembre
Voici quelques suggestions de randonnées testées et approuvées pour un mois de décembre :
- Ascension du Teide (Tenerife) : rien de tel qu’un lever de soleil depuis le sommet le plus haut d’Espagne pour démarrer l’hiver. Pensez à réserver en ligne votre permis pour accéder au sommet (nombre limité chaque jour). Nuit recommandée au refuge Altavista, si ouvert (en décembre, parfois il ferme temporairement à cause du froid ou du vent).
- Ruta de los Volcanes (La Palma) : environ 17 km de crête volcanique, entre coulées de lave, pins canariens et vues sur la mer. Je l’ai fait un 24 décembre, seul au monde avec pour seul bruit le vent et mes pas sur les cendres noires. Inoubliable.
- Parc rural d’Anaga (Tenerife) : ici, on entre dans un autre monde. Forêt primaire, brumes envoûtantes, sentiers en dents de scie… parfait pour une randonnée d’une journée dans une ambiance presque celte.
- Randonnées autour de Roque Nublo (Gran Canaria) : formations rocheuses spectaculaires et panorama de rêve. Le Roque Nublo, cette colonne de pierre dressée dans le ciel, vaut à lui seul le détour. Par ciel clair, on aperçoit même le Teide au loin.
Matériel à emporter : entre mer et montagne
Partir en trek en décembre aux Canaries, c’est gérer les écarts de température et l’humidité variable suivant les îles, les altitudes… et la direction du vent ! Voilà ce que je glisse systématiquement dans mon sac :
- Couche chaude (polaire, doudoune légère)
- Coupe-vent ou veste imperméable (il peut pleuvoir brièvement, surtout au nord, mais aussi souffler à décorner un bouquetin sur les crêtes du Teide)
- Bonnet léger pour les bivouacs ou les matins frais en altitude
- Lunettes et crème solaire : le soleil tape même en hiver, surtout en altitude
- Chaussures de randonnée avec bonne accroche (les terrains peuvent être sablonneux ou très rocailleux)
- Sac de couchage adapté à 5°C confort si vous prévoyez de camper en montagne
- Maillot et serviette légère pour un plouf en fin de randonnée (certaines plages sont sublimes à moins d’une heure de marche)
Et n’oubliez pas de partir avec assez d’eau. Certains secteurs sont très secs et les points d’eau naturels sont rares, voire inexistants.
Conseils pratiques et petites astuces de terrain
- Transport sur place : le réseau de bus (guaguas) est correct sur les grandes îles (Tenerife, Gran Canaria), moins efficace sur les plus petites. Pour randonner en autonomie, une voiture de location est souvent la clef. Les routes sont parfois sinueuses… mais offrent des vues de dingue.
- Réservations : en décembre, le tourisme est modéré, sauf autour des fêtes où les hébergements peuvent afficher complet. Pensez à réserver à l’avance si vous visez Noël ou Nouvel An.
- Bivouac : autorisé sous conditions. Certaines zones protégées interdisent le camping sauvage. À La Palma et Tenerife, il existe des aires spécifiques. Renseignez-vous auprès des offices de tourisme locaux.
- Cartographie : les sentiers sont bien balisés, mais je recommande l’appli Maps.me ou l’IGN espagnol sur Oruxmaps pour suivre les traces hors des circuits classiques.
- Langue : un petit mot en espagnol change tout. Même un « Hola, buenos días » peut vous ouvrir des sourires (et parfois des raccourcis secrets).
Et si vous partez avec votre tente, pensez à une anecdote que j’ai vécue à El Hierro : en pleine nuit, pression sur la toile. Je sors la tête… c’était des chèvres curieuses. Bien moins agressives qu’une rafale de neige dans les Hautes-Alpes.
Pourquoi les Canaries en hiver, vraiment ?
Parce que c’est une expérience unique. Ce contraste entre les paysages lunaires, les forêts enchantées, les sommets volcaniques et la douceur permanente de l’air. Parce que marcher en t-shirt en décembre en traversant des champs de lave au milieu de nulle part… c’est tout simplement grisant. Et parce que les Canaries nous rappellent qu’il existe des endroits où l’hiver peut aussi rimer avec lumière, liberté et aventures sans givre dans les chaussures.
Alors oui, on ne boira peut-être pas de vin chaud autour d’un feu, mais on lèvera notre gourde face à l’Atlantique en se disant qu’on a bien fait de venir. Et ça, croyez-moi, ça vaut tous les réveillons blancs du monde.