Villages des Cinque Terre : randonnée entre mer et collines en Ligurie

Un parfum de Méditerranée entre vignes et criques turquoise

Imagine un matin clair, les premières lumières qui caressent les façades colorées perchées à flanc de colline. Le cri des mouettes en écho sur la mer Ligurienne, et sous tes pieds, un sentier qui serpente entre terre et ciel. Bienvenue aux Cinque Terre, ce chapelet de villages suspendus entre mer et montagnes, classés au patrimoine mondial de l’UNESCO, où chaque pas est une promesse de découverte.

J’y suis allé en fin de printemps, à la recherche d’un coin d’Italie encore préservé malgré sa renommée. Et je dois dire une chose : cette portion de côte est une pépite à savourer lentement. Chausse tes meilleures baskets, on part en rando de village en village, parce que dans les Cinque Terre, marcher, c’est embrasser le paysage. Littéralement.

Les Cinque Terre, c’est quoi exactement ?

Situées en Ligurie, dans le nord-ouest de l’Italie, les Cinque Terre regroupent cinq villages : Monterosso al Mare, Vernazza, Corniglia, Manarola et Riomaggiore. Ils s’étalent le long d’un littoral escarpé, enchâssé entre montagnes et mer, au cœur du parc national éponyme. Ici, pas de route côtière en continu : on circule à pied, en train ou en bateau. Et c’est tant mieux !

L’essence même de ce lieu, c’est sa lenteur. Sa respiration millénaire, façonnée par des générations de familles de pêcheurs, de vignerons et de rêveurs. Les maisons aux couleurs de sorbets, empilées contre la roche, donnent parfois l’impression que le village entier pourrait glisser dans la mer. Mais non, ça tient. Et ça vit, encore.

Choisir son sens de rando : nord-sud ou sud-nord ?

Tu peux partir de Monterosso (le plus à l’ouest) et descendre vers Riomaggiore. Ou l’inverse. Personnellement, j’ai préféré démarrer depuis Riomaggiore, le matin, avec le soleil dans le dos, histoire de bien profiter de la lumière sur les façades. Petit conseil : démarre tôt, surtout en été. Les sentiers peuvent vite devenir des autoroutes de randonneurs dès la fin de matinée.

Le Sentiero Azzurro : le sentier légendaire

La randonnée la plus emblématique, c’est le Sentiero Azzurro, ou « chemin bleu », qui relie les cinq villages. Une portion fait environ 12 km, pour 4 à 5 heures de marche tranquille (ou un peu plus si tu es comme moi et que tu t’arrêtes tous les 500 mètres pour une photo ou une gorgée d’eau). Ce sentier côtier est payant sur certaines portions (environ 7,50 €), car son entretien est délicat – falaises oblige.

Il faut savoir que certaines sections peuvent être fermées en cas d’éboulement. Renseigne-toi la veille, via les offices de tourisme ou le site du parc national. Lors de mon passage, le tronçon entre Manarola et Corniglia était fermé. J’en ai profité pour prendre un peu de hauteur et explorer un itinéraire alternatif, moins fréquenté, mais bien plus sauvage – et tout aussi magnifique.

Zoom sur les villages (et les sentiers entre eux)

Voici un petit tour d’horizon, avec des anecdotes et des infos utiles pour chaque étape.

Riomaggiore

Le point de départ idéal si tu arrives depuis La Spezia. Riomaggiore est un vrai patchwork de façades rouges, rose, orange, serrées autour d’un port minuscule et tout mignon. Lève les yeux, les filets de pêche sont encore pendus entre les balcons. Ici débute le fameux sentier de l’Amour – la Via dell’Amore – souvent fermé mais dont les panneaux rouillés prouvent qu’il a bien fait vibrer des cœurs.

Manarola

Le village carte postale. Celui que tu as sans doute vu sur Instagram, en habits de lumière au coucher du soleil. Conseil perso : grimpe jusqu’au cimetière (oui, tu as bien lu), c’est le point de vue le plus saisissant sur la baie. Et puis qui a dit qu’un endroit reposant ne peut pas offrir la plus belle vue ? Côté randonnée, le sentier alterné (par Volastra) offre des panoramas sensationnels sur les vignes en terrasse.

Corniglia

Corniglia, c’est le seul village non accessible directement depuis la mer. Perché à plus de 100 mètres d’altitude, il faut grimper (oui, il y a une marche de 382 marches !) mais tu es récompensé par une ambiance plus paisible, presque confidentielle. Ici, du silence, des ruelles fleuries et des gelati artisanaux. C’est mon coup de cœur secret… enfin, plus tellement, maintenant que je te l’ai dit.

Vernazza

Probablement le village le plus animé, avec son port circulaire bordé de terrasses. Il y flotte une ambiance de petit port méditerranéen figé dans le temps. Monte jusqu’à la tour du château Doria pour une vue plongeante impressionnante. Et si tu as un petit creux, goûte à la focaccia locale – croustillante à souhait.

Monterosso al Mare

Le plus grand et le plus balnéaire des cinq. C’est ici que tu pourras enfin troquer tes chaussures de randonnée contre un plongeon dans la mer. Plage de galets, petits restos de fruits de mer, et même une vraie promenade en bord de mer. Un endroit parfait pour se poser en fin de parcours avec une bière locale – la « Cinque Terre » bien nommée.

Ce qu’il faut emporter dans le sac

Pas besoin d’être un montagnard chevronné, mais il faut être préparé. Les sentiers grimpent et descendent sans cesse, parfois avec peu d’ombre. Voici ce que je te recommande :

• De bonnes chaussures de randonnée, pas des tongs !
• 1,5 litre d’eau minimum – il fait vite chaud
• Chapeau ou casquette & crème solaire
• Encas : fruits secs, barres de céréales… ou un panino acheté au village du matin
• Appareil photo ou smartphone chargé : tu vas mitrailler

Petit bonus : une serviette de plage, on ne sait jamais si l’appel d’une crique devient trop fort.

Où dormir et comment s’organiser

Les hébergements abondent dans chaque village, mais attention : les prix s’envolent vite, surtout en haute saison. Pour un séjour plus authentique et abordable, j’ai choisi un petit agriturismo dans les hauteurs de Manarola : réveil avec vue sur la mer et petit-déjeuner maison avec focaccia sucrée – royal.

Côté logistique, la carte train Cinque Terre permet de faire le trajet entre les villages à volonté sur une journée. Elle donne aussi accès à certains sentiers payants. Pratique si une ampoule au talon te fait revoir tes plans de rando !

Quand y aller ?

La haute saison (juillet-août) peut vite tourner au bain de foule. Mon conseil : avril à juin, ou septembre. Les températures sont douces, les fleurs explosent, et les villageois ont encore le sourire. L’hiver peut être beau aussi, mais certains sentiers ou commerces ferment. Si tu cherches le calme absolu, c’est à considérer !

Pourquoi randonner ici est unique

Ce qui rend cette randonnée si particulière, c’est cette alliance singulière : des villages colorés, une mer scintillante juste en contrebas, des collines plantées d’oliviers et de vignes. Et une impression permanente de marcher dans une carte postale vivante, avec les parfums du basilic, les accents italiens joyeux, et le clapotis discret d’une mer qui semble veiller sur ces terres depuis toujours.

À la fin de mon voyage, un habitant de Corniglia m’a dit en souriant : « Vous avez marché les Cinque Terre ? C’est comme boire un bon vin, ça se fait lentement. » Il avait raison. Prends ton temps. Respire. Savoure. Et peut-être que, là, face à ce décor sublime, tu comprendras pourquoi la rando peut être une forme de méditation active. Buona strada !